Québec 2019 - Myriam Pellicane rencontre les jeunes adultes du Centre St Michel - Maison des Arts de la Parole - Sherbrooke- Des jeunes qui viennent d'arriver de Syrie, du Maroc, d'Algérie, de l'Europe de l'Est, de Libye, du Liban, du Continent Noir, des natifs, des sang mêlés, des jeunes des premières nations Inuk du Yukon..; tout en racontant des histoires, on touche les souvenirs douloureux, les enfances déchirées en lambeaux, les intégrismes, les tabous, les rites, la poésie qui sauve la vie... Comment raconter? un jeune prends la parole : "j'ai la haine, comment je fais? je raconte avec ma haine?" ...des remarques se font sur mes histoires : les chutes,les fin sont étranges "en fait, elles ne sont pas finies?" je parle de l'intérêt que rien n'est jamais fini, que ce qu'on appelle fin est une porte ouverte, que le chemin ne s'arrête jamais, le héros, l'héroïne d'une histoire repartent toujours à la fin vers d'autres aventures, les filles évoquent la fin des contes : ils se marièrent... le mariage est une étape et non une fin, la tradition en parle toujours comme un deuil, c'est donc une petite mort et il faut ensuite entamer un autre parcours, une émancipation de la femme? toutes les filles sont au taquet sur le sujet, d'ailleurs un jeune homme quitte la salle, fâché devant cette liberté de parole des femmes de son pays.... une bonne ambiance s'installe, les esprits s'affûtent...Toujours sur la fin des histoires, ça discute... on se dit que le conteur ou la conteuse raconte et quand il sent le moment de s'arrêter, il dit : "voilà!" on est d'accord pour dire qu'il y a quelque chose de puissant dans l'acte de s'arrêter au bon moment...Viens alors le thème de la peur, un jeune homme témoigne : "Ma cousine raconte que dans sa fuite, elle est passée sur un pont et en regardant la rivière, elle a vu "une poupée morte" flotter sur l'eau, cette vision l'a bouleversée...elle s'est mise à courir dans la forêt et là dans les feuilles mortes, elle a vu à nouveau cette poupée morte, et depuis elle hante ses rêves.." Ce jeune garçon nous dit qu'à chaque fois que sa cousine lui raconte cette histoire, ce souvenir, il est fasciné par la peur qui s'en dégage et la puissance de son récit et il demande : "je sens bien que lorsque je raconte l'histoire de ma cousine, je n'arrive pas à toucher le coeur de l'histoire comme elle sait le faire elle....;Récits en langue arabe, devinettes, énigmes, le rire est aussi au rdv, on parle des tyrans, de Bob Marley, de tatouages, une fraternité, une sororité émerge de ces matinées inoubliables... |
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